Papillon dans la tempête est plus qu’un livre sur la vie d’une femme.

C’est un livre sur le courage, la créativité et l’espoir. C’est un livre inspirant, touchant et authentique, souvent drôle.

Papillon dans la tempête nous emmène dans la vie d’une femme comme toutes les femmes. D’une femme qui a décidé de vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie.

Deux enfants grandissent dans la même ville dans les années d’après-guerre. Ils se ressemblent : ils sont les aînés d’une fratrie nombreuse, ils sont intelligents, ils sont beaux, ils aiment les défis et la compétition.

Le chemin de vie du garçon, à l’âge de seize ans, est prévisible et, de fait, son parcours confirme les prévisions.

Le chemin de vie de la fille est aussi tout tracé, du moins dans sa tête. En effet, les obstacles se dressent sur son chemin et elle avance comme un papillon dans la tempête.

En tant que fille aînée, elle travaille huit ans dans l’entreprise familiale et s’en libère par le mariage. Epouse, elle stupéfie son conjoint par ses capacités intellectuelles. Mère, elle décroche un diplôme de maturité à distance, mais doit renoncer à des études de médecine faute de solution de garde pour les enfants. Elle achève cependant une formation artistique universitaire avec les enfants sur les genoux.

Plus tard, première femme ingénieure informaticienne de Suisse, elle goûte enfin à ce sentiment de reconnaissance que donne un travail apprécié. La trêve est de courte durée : la cabale qui emporte son mentor, emporte aussi son poste et ses projets.

Qu’importe, comme un compagnon du Moyen-Age, qui rassemble ses expériences dans une production unique, le chef d’œuvre, elle rassemble ses expériences de vie et ses compétences professionnelles pour créer une montre pour femmes.

Cette montre innove sur tous les plans : première montre créée par des femmes

Innovations techniques, invention formelle, valeur symbolique, personnalisation de chaque pièce et distribution originale. La marque Delance sort sur le marché au Salon international de l’horlogerie de Bâle en 1996, malgré des péripéties financières, commerciales et conjugales.

« Je ne veux pas être une fille modèle, je veux être la meilleure » s’écrie avec véhémence, la figure centrale de cette biographie à l’âge de dix ans. Elle sait ce qu’elle veut, mais elle ne perçoit pas son pire ennemi : le conditionnement des filles.

Dans la Suisse d’après-guerre, l’éducation séparée des filles et des garçons n’étonne personne. Cette éducation réduit les filles aux rôles d’épouses et de mères.

Les conséquences sont nombreuses et funestes. L’accès aux formations supérieures leur est barré, non formellement, mais sur le plan pratique. Les femmes sont ainsi tenues à l’écart du travail rémunéré et qualifié. Pire, elles sont placées à vie dans la dépendance financière. Ce conditionnement exclut les femmes d’une vie pleine et entière.

Totalement investi à braver la tempête, le papillon n’a pas conscience que d’autres papillons mènent le même combat. La différence est à l’arrivée : la plupart restent collés sur le pare-brise.

Le récit de Giselle Rufer raconte la ténacité pour tenir la barre, le drame des injustices, la force de se relever, la foi en son rêve et le pragmatisme pour le réaliser.

Ce récit donne à l’Histoire, un rare témoignage écrit et féminin.

Il montre par un exemple singulier, comment le conditionnement des filles a appauvri la société, en termes de richesse économique, d’innovation technique et de bien-être personnel.

Cathy Savioz
Genève, août 2021
Papillon dans la Tempête