Dans le Jura on baigne dans l’horlogerie dès la naissance. A l’époque, je suis née en 1946, la vie économique de la petite cité de Porrentruy était fortement liée à l’horlogerie. Mon père faisait de l’import-export et distribuait des montres suisses en France. Lorsqu’il est mort en 1954, à 32 ans, j’avais 8 ans. Il était en train de créer une marque horlogère. Il voulait fabriquer des montres et les commercialiser sous la marque « DELANCE », nom dérivé de notre nom de famille. Comme son décès, ce projet abandonné est resté gravé dans mon cœur.
A quarante ans le Swatch Group m’a engagée pour lancer les montres Flik Flak. C’est alors que j’ai constaté qu’il y avait toutes sortes de montres pour les hommes, les enfants, les astronautes, les plongeurs, les marcheurs mais qu’il n’y avait aucune montre dédiée au temps des femmes. M’est alors venue l’envie de poser sur mon poignet une montre qui me donne mon heure à moi : le sens de l’infini et de l’harmonie.
La chance m’a souri lorsque j’ai été appelée en tant que chef de produit d’une grande marque. A ma demande le président m’a permis de développer cette idée, j’y ai travaillé trois ans. Un changement impromptu de président et le projet est abandonné. Déçue et démotivée je quitte l’entreprise.
Ce n’était ni une folie, ni un défi, c’était ma destinée, l’histoire de ma vie. Comme ce projet restait dans mon cœur, un jour je me suis lancée, c’était en 1995.
Je voulais nager dans l’océan bleu des dauphins, ne pas m’approcher des requins. Je pouvais tout créer : une marque, une montre, une entreprise, et surtout j’avais un rêve.

De plus je pouvais honorer le courage de ma mère par une œuvre conçue pour elle et la mémoire de mon père en utilisant son nom : DELANCE. Je voulais créer une sculpture miniature, une œuvre d’art, une montre racontant l’histoire unique de la femme qui la porte ainsi que l’histoire universelle des femmes qui nous ont précédées. Je vous laisse consulter le résultat sur les pages de ce site.
« Si tu peux le rêver tu peux le faire » m’avait dit mon père. Alors je me suis lancée : j’ai fait appel à mon réseau de fournisseurs, artisans, graveuses, sertisseuses, assembleuses et autres, chacune et chacun travaillant dans son atelier. Après plus de 23 ans de collaboration nous formons une entreprise virtuelle efficace et bien soudée. Grâce à internet, au réseau routier, à la fiabilité de la poste suisse et à une bonne organisation tout se passe bien et les frais fixes sont au plus bas.
Si notre cœur de cible ce sont les femmes, il y a bien des hommes qui se prennent au jeu et créent avec moi une montre unique pour une femme de leur vie, leur mère, leur fille, leur amour. Certaines entreprises l’offre à leurs collaboratrices en reconnaissance de leur contribution inestimable.
J’adore ce que je fais, je crée, j’organise, je donne des conférences, je parcours notre belle planète et je sens que j’en fais partie. C’est très stimulant, et ce faisant, je suis allée au-delà de mes limites, en découvrant le monde je me suis découverte moi-même.
Macolin, le 21 mai 2018 Giselle Rufer